Réponse aux propos lus dans le bulletin de l’Amicale de Mauthausen de janvier 2013 (n°334) sous la plume du président de l'Amicale


« La FMD, à laquelle nous avons fait depuis plusieurs années des demandes insistantes de travail en commun, vise désormais explicitement les cénacles universitaires, des publications savantes, des colloques sur invitations. Nous vivons douloureusement l’échec du projet de Dictionnaire : nous avons été poussés dehors. » (Mauthausen n° 334 janvier 2013, p 25)

Ces quelques lignes appellent bien évidemment réponses et mises au point.
S’agissant des demandes insistantes de travail en commun, précisons que seules deux demandes ont été formulées depuis 2000 par l’Amicale:
1) participer au comité de rédaction de la revue de la Fondation,
2) associer la Fondation à un projet de dictionnaire des déportations lancé par « des Amicales ». Il a été répondu favorablement dans les deux cas.
Que ces tentatives n’aient pas produit les résultats escomptés parce que les attentes de part et d’autre ont été déçues, est autre chose. Mais échec ne signifie pas « fin de non recevoir ». Façon bien particulière de présenter les choses. En ce qui concerne la nouvelle revue périodique de la Fondation, un nouveau comité de rédaction a été mis sur pied, auquel les Amicales furent conviées à s’associer, mais ne l’ont pas souhaité ou pas pu, à l’exception d’une seule.

Quant au dictionnaire, contrairement à ce qui asséné comme une vérité indiscutable, nul n’a « été poussé dehors », même si c’est l’interprétation de certains. Il serait plus exact de parler de désaccords sur l’organisation, la direction scientifique, les rôles et la méthodologie d’élaboration, voire le contenu… ce qui fait finalement pas mal de points. Aux propositions nouvelles de la Fondation a répondu un courrier collectif notifiant le retrait de membres d’Amicales « d’un projet dans lequel elles ne se retrouvaient plus ». En réalité, dont la maîtrise scientifique leur échappait pour être confiée à un groupe d’historiens de l’Université de Caen….

Aujourd’hui un nouveau projet est lancé, avec d’autres acteurs par un certain nombre d’Amicales. Compte tenu du précédent du dictionnaire, la Fondation n’a pas souhaité s’y impliquer, sinon par l’éventuelle participation d’un membre de son conseil scientifique, au comité scientifique destiné à « encadrer » ce projet. Il semble s’agir d’un projet d’historial des camps de concentration, fondé sur les témoignages et construit sur internet. Si ce projet peut contribuer à développer chez nos contemporains, en dehors des cercles familiaux, le goût de connaître et d’approfondir cette période de l’histoire, il sera évidemment le bienvenu.

On peut lire également dans le même texte et sous la même plume: la Fondation vise désormais explicitement les cénacles universitaires, des publications savantes, des colloques sur invitations
Associer le monde universitaire et obtenir sa coopération interdisciplinaire seraient donc une faute contre nature? Porteraient atteinte à la mémoire? A l’évidence c’est devenu une nécessité pour éviter la sclérose et la routine, pour s’ouvrir et rayonner sur la société, enrichir les connaissances de tous, multiplier les regards croisés, susciter le débat, la recherche historiographique, suggérer de nouvelles approches et de nouveaux champs de réflexion et d’action, promouvoir la circulation des idées.
On a envie de répondre que la notion de cénacle s’appliquerait plutôt à ceux qui contestent cette ouverture …
Enfin une attaque parfaitement gratuite vise l’organisation d’un colloque récent « Témoins et témoignages » ouvert « sur invitation » (mais comment faire autrement ?) certes, mais à tous ceux qui voulaient y venir, les invitations ayant été téléchargeables, diffusées par courrier aussi largement que possible, l’événement ayant été annoncé dans plusieurs publications à grand tirage. Finalement tous ceux que le programme intéressait ont pu venir, à un moment ou un autre, y compris de l’étranger. Seule contrainte : le nombre de places étant limité, il était demandé de s’inscrire, procédure qui n’a valu à personne d’être refusé !
Faut-il encore relever l’usage d’un pluriel plutôt méprisant, parlant « de colloques », alors même qu’il s’agissait du premier et seul colloque organisé et financé par la Fondation depuis sa création, à l’heure où les témoins se faisant rares, il était proposé précisément d’ouvrir une fenêtre de réflexion, de dresser un bilan aussi exhaustif que possible sur la place et le rôle du témoin et du témoignage dans l’espace public et dans l’espace savant.
S’en sont exclus ceux qui l’ont bien voulu…
Yves Lescure