"Lire ou écrire l'histoire d'un camp de concentration, c'est tenter d'en faire comprendre la logique d'ensemble et d'en décrire l'évolution, souvent en termes statistiques froidement mathématiques, ou de dates ou d'origine des détenus, pour en mettre les spécificités en relief. Démarche purement généraliste et historienne dans un univers de démence scientifiquement élaboré où l'administration banale la plus routinière côtoie l'horreur la plus insondable. S'il elle permet d'approcher une "certaine réalité", elle laisse finalement peu de place au vécu réel des déportés que seuls leurs récits et témoignages permettent de percevoir "de l'intérieur". Et voilà que, dans la multitude des souvenirs rapportés, Francine Christophe choisit ici d'évoquer une petite perle, qu'en langage contemporain on appellerait un fait divers : un anniversaire, imagé, organisé et célébré en milieu concentrationnaire par de jeunes enfants, dans la plus absolue clandestinité.
L'intensité et le réalisme du récit, le mode adopté propulsent le lecteur du monde imaginaire de l'enfance, à celui qui n'a plus rien d'imaginaire, de l'horreur concentrationnaire et inversement. C'est ce qui fait la qualité et la force de ce récit qui sans détours inutiles, sait insérer l'événement dans son contexte. (...)"
Extrait de la préface, rédigée par Yves Lescure, Directeur général de la Fondation pour le Mémoire de la Déportation.
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